Tribord de Papier: Ce que l’on jette peut encore rêver.
Un petit bateau en papier.
Fabriqué à la main, plié à la hâte ou avec soin.
Tiré d’une feuille abandonnée, trouvée, déchirée, oubliée.
Ces bateaux ne voguent pas sur l’eau, mais dans les marges du quotidien : sur un trottoir humide, entre les rails d’un volet rouillé, sur une étagère anonyme, dans l’ombre d’une trappe ou face au Jet d’eau.
Ils incarnent un geste simple, dérisoire, mais profondément poétique : redonner forme à l’inutile.
Ils parlent de ce que l’on laisse derrière, des choses sans valeur, des papiers sans mission.
Ils racontent aussi l’enfance qu’on croit perdue, la tendresse qu’on glisse dans les interstices du monde.
Chaque photo devient une bouteille à la mer, envoyée depuis le bitume, le béton ou le silence des galeries.
Le bateau de papier devient survivance, message muet, artefact du rêve au milieu du réel.