C'est quand l'oeil attendri qu'il portait sur le monde sortit de son orbite et tomba, flasque, morne, ayant la vigueur de la sole sur l'étalage du poissonnier qu'il admit qu'il ne pourrait décidément rien faire pour le ceux qui l'entourait.

À ce moment-là, exactement, il commença à se replier sur lui même. Petit à petit il se vouta…

Une fois son corps en position foetale, il dut trouver un moyen pour prendre encore moins de place et décida, humblement, de ranger les parties de soi qui trainait, dans sa bouche, ce gigantesque gouffre où l’abime disputait à la noirceur, les profondeurs.

Il y mit d'abord un pied suivi du second… S'aidant de ces mains , qui elles aussi, quand il aurait fini sa transformation seraient rangées aux côtés de sa langue immense, passa ces chevilles, genoux, cuisses, bassins…

Il était là, la gueule pleine de lui-même, et dans les petits espaces qui restait il y mit ce qui restait de lui…

Une fois totalement recourbée sur son propre centre, homme monde, sphère de chair, il chuta de sa chaise et resta inconscient aux autres, pendant que le feed continuait d'abreuver l’humanité…

Béranger Tranier - L'homme monde ou la chute.